Essai Cruiser • Neander 1400 Turbo Diesel
> Bicylindre en ligne, diesel turbocompressé, 1430 cm3, 94 chevaux et 175 Nm, 270 kg à sec, 68 500 euros.
Il y a deux décennies, Rupert Baindl, l'un des ingénieurs moto les plus innovants de l'ère moderne a développé pour le compte de l'Allemand Neander Motors, un moteur bicylindre en ligne turbocompressé de 1430 cm3. Ce Bavarois dispose de compétences d'ingénierie traditionnelles soutenues par une connaissance complète de la technologie numérique. Il maîtrise en effet parfaitement la fabrication de composants métalliques complexes dans son atelier d'usinage.
Le gros moteur bicylindre parallèle est à refroidissement air/huile avec des cylindres de 108 x 78,2 mm et des vilebrequins contrarotatifs montés en croix, couplés par des engrenages et portant chacun deux bielles. Chaque paire supporte conjointement un piston en acier léger à trois segments avec des jupes ultra-courtes via deux axes décalés, de sorte qu'il y offre une poussée latérale minimale comme sur un moteur conventionnel, réduisant ainsi le frottement et l'usure, malgré le rapport volumétrique de 16:1.
Au sommet de cette conception très robuste et innovante se trouve une culasse tout aussi unique à doubles arbres à cames en tête à 8 soupapes avec 4 soupapes radiales par cylindre.
Le turbocompresseur Garrett avec refroidissement intermédiaire délivre une pression de suralimentation de 1,4 bar à la boîte à air, puis dans un catalyseur à trois voies monté en bas à l'avant du moteur. L'injecteur électronique de carburant Bosch utilise un simple injecteur supérieur à 6 trous, mais un radiateur de carburant situé devant la colonne de direction est nécessaire pour empêcher la cuisson en raison du transfert de chaleur de la chambre de combustion.
Équipé d'une boîte de vitesse à 6 rapports issue d'une Aprilia RSV1000R avec un embrayage multidisque à sec, un engrenage primaire et une transmission finale par courroie crantée Gates, ce groupe propulseur unique pesant 108 kg, délivre selon son concepteur 94 chevaux à 4200 tr/min et un couple impressionnant de 175 Nm à seulement 2600 tr/min !
La partie cycle de la Neander Turbo Diesel est tout aussi conventionnelle que son moteur est original, avec le bicylindre inséré dans un cadre à simple poutre classique en acier au chrome-molybdène tubulaire conçu par le spécialiste Allemand des customisations, Günther Zellner. Le mono-amortisseur arrière Öhlins entièrement réglable est assorti à une fourche Paioli.
L'ensemble affiche un long empattement de 1740 mm avec une version de 1950 mm en option lorsque entrera en production la première édition limitée à 50 exemplaires qui s'affichera au prix de 68 500 euros.
> Comme un powercruiser Américain qui consommerait 3 l/100 km !
La Neander Turbo Diesel ressemble à un powercruiser Américain typique en offrant une position décontractée, assis à 650 mm du sol avec les pieds très en avant et les mains haut perchées.
Contact (sans préchauffage) et c'est le choc ! Le démarreur lutte contre la compression de 16:1, persuadant le twin de prendre vie. Le bruit sourd qui s'échappe des silencieux est différent de n'importe quelle autre moto. Mais cette mélodie distinctive n'est accompagnée par aucune vibration perceptible. La Neander est étrangement immobile !
Bien que la Neander n'accélère pas vraiment en douceur, elle n'est pas brutale pour autant, du moins jusqu'à ce que le compte-tour indique 2000 tr/min environ et que le turbocompresseur commence à faire son travail à mesure que la suralimentation augmente. Il y a alors une délicieuse montée en puissance avec la courbe de couple culminant à 2600 tr/min, mais restant ensuite pratiquement horizontale jusqu'au plafond de puissance à 4200 tr/min. Rupert Baindl a déclaré que le moteur pouvait tourner jusqu'à 7000 tr/min en toute sécurité.
Mais la plus grande surprise, une fois que l'on a ajusté son état d'esprit pour accepter de piloter une moto diesel, réside dans la vitesse à laquelle ce moteur monte en régime, grâce notamment à sa configuration à course courte et aux frottements réduits. Couplé à la portée relativement courte de la puissance et surtout du couple, on se retrouve à utiliser la boîte de vitesse Aprilia à 6 rapports beaucoup plus souvent que ce que l'on pourrait attendre d'un diesel, si bien sûr on pilote la Neander comme le sportcruiser qu'elle est censée être.
Le compteur indique 160 km/h à 2800 tr/min. Les 240 km/h en pointe (sur autoroutes Allemandes) sont atteints dans un confort appréciable. La Neander aurait constitué une base très appropriée pour une routière GT, avec sa consommation limitée, son couple important et son absence de vibration. La Turbo Diesel est confortable et ne fatigue pas, peu importe la distance. Le centre de gravité placé relativement bas autorise une très bonne maniabilité, malgré le long empattement.
Reste la sonorité du moteur, pas toujours mélodique, surtout à pleine charge, lorsque le niveau des bruits mécaniques augmente de manière significative.