Energica Experia, le trail électrique.
Si elle n'est pas encore très connue du grand public, la marque Italienne Energica fait partie, avec le Californien Zero Motorcycles, des constructeurs les plus avancés dans le petit monde de la moto électrique. Née en 2014, la marque industrialise ses modèles à Modène, fief d'un certain... Ferrari !
> Une conception inédite.
Jusqu'ici concentré sur les roadsters et les sportives, Energica s'aventure sur un segment inédit avec sa nouvelle Experia: celui des motos électriques trail. L'occasion pour le constructeur de revoir sa copie. Construite sur un nouveau cadre en acier, l'Experia n'innove pas vraiment côté batterie. Reposant toujours sur une technologie lithium-polymère, le pack est similaire aux autres modèles avec une capacité brute de 22,5 kWh (19,6 kWh net).
La motorisation a en revanche bien évolué. Plus compact, le nouveau bloc synchrone à aimant permanent offre 80 chevaux de puissance. En crête, il atteint 102 chevaux avec 900 Nm de couple à la roue !
Pour abaisser et optimiser le centre de gravité de ce gros bébé de 260 kg, Energica a non seulement réduit le moteur mais aussi déplacé l'onduleur. Au lieu d'être placé en hauteur, au niveau du réservoir comme sur les Eva et Ego, ce dernier a été positionné au niveau de la selle.
Sur la partie cycle, l'Experia reçoit une fourche inversée de chez Zacks entièrement réglable, complétée à l'arrière par un mono amortisseur. Installé en position centrale, celui-ci est réglable en précharge et en compression. Le freinage à l'avant repose sur deux grands disques de 330 mm avec des étriers à fixation radiale à 4 pistons Brembo. A l'arrière, on retrouve un simple disque avec freinage à deux pistons. Côté sécurité, la nouvelle moto électrique d'Energica est plutôt bien lotie. L'ABS en courbe repose sur une centrale inertielle capable de calculer l'angle d'inclinaison pour ajuster le freinage. S'y ajoute l'antipatinage électronique, paramétrable sur plusieurs modes.
Au niveau du guidon, l'instrumentation est 100% numérique. Lisible et bien présentée, elle pourra être à terme connectée à une application mobile. Les équipements sont également au rendez-vous avec une double prise USB, un petit pare-brise ajustable en trois positions et des poignées chauffantes, proposées en option sur le modèle de base.
Classiques, les commodos permettent d'activer le régulateur de vitesse et de choisir parmi différents modes de conduite. De base, l'Experia en propose 4: Eco, Rain, Sport et Urban. Si ce n'est pas suffisant, trois modes supplémentaires peuvent être personnalisés. S'y ajoutent quatre modes de régénérations, également paramétrables via les commandes au guidon. En matière de rangement, l'espace sous le réservoir est limité mais reste suffisant pour y placer quelques objets. Avantage de la catégorie: il est facilement possible d'ajouter tout un lot de bagageries.
> Au guidon.
Si les manœuvres et le rayon de braquage restent assez limités et pas vraiment adaptés à un usage urbain, on sent cette Experia mieux équilibrée que ses deux grandes sœurs.
La position de conduite est agréable malgré un moteur et une transmission par chaine qui restent assez sonores et un frein régénératif à l'intensité décevante, même à son niveau le plus fort. Confortable, la selle n'est pas trop large au niveau de l'entrejambe et les jambes sont plutôt bien protégées par les carénages. Un bon point lorsqu'il pleut ou même sur voie rapide. Les rétroviseurs sont également bien dimensionnés. Sans dépasser du guidon, ils offrent une visibilité suffisante.
Si elle se révèle moins sportive que d'autres modèles de la marque, l'Experia n'en demeure pas moins une bombinette. Avec un 0 à 100 km/h abattu en 3,5 secondes et une vitesse de pointe de 180 km/h, elle offre de très bonnes sensations. Les accélérations sont un peu à l'image d'une Tesla: il faut faire attention car le couple a tendance à vous projeter entre les virages.
Pour ce qui est de l'autonomie, il vaut mieux pas trop se fier aux indications de l'ordinateur de bord. Après un parcours de 35 kilomètres à travers les Alpes Italiennes, ce dernier indique 75% de batterie restante avec autonomie estimée à 100 kilomètres. Cela donne 135 km théoriques dans les conditions de l'essai. Dans la réalité, tout va dépendre du parcours et de la vitesse. En cycle normalisé, le constructeur annonce 222 km. C'est très correct pour la catégorie et quasi équivalent à ce que peut proposer une moto thermique.
Côté recharge, la configuration est plutôt bien pensée pour les longs trajets. Si le chargeur embarqué de 3,5 kW parait limite (du 7 kW, même en option, aurait été idéal), la présence d'un dispositif de charge rapide en courant continu gomme ce peit défaut. Dotée d'un connecteur Combo, la moto électrique d'Energica encaisse jusqu'à 24 kW sur les bornes rapides. De quoi faire un plein à 80% en 40 minutes seulement.
> Le prix: le sujet qui fâche.
Sur un marché où l'offre est encore particulièrement restreinte, les produits restent encore chers. L'Energica Experia est vendue selon les versions, entre 28 400 et 30 800 €. Si cela reste un peu moins cher qu'une Harley-Davidson Livewire, facturée 33 900 €, cela reste lourd à amortir même en comptant le prix réduit de la charge électrique.